Lancement de la campagne en faveur de l’initiative « Genève Zéro Pub »
Les associations à l’origine de l’initiative (ROC : Réseau Objection de Croissance ; GLIP : Genève Libérée de l’Invasion Publicitaire ; Genève sans publicités ; Quartiers collaboratifs), et plusieurs partis (Les Vert-e-s, Parti Socialiste, Ensemble à Gauche – SolidaritéS, DAL, Parti du travail) s’unissent en un comité unitaire « Oui à Zéro Pub » pour faire campagne en faveur de l’initiative « Genève Zéro Pub : libérons nos rues de la publicité commerciale ». Ce comité a rapidement été rejoint par plusieurs associations et collectifs (attac-Genève, Greenpeace Suisse, Grève du Climat, Grève Féministe, Noé21, Postcapitalisme Romandie, Sortir de la pub). Cette initiative a été acceptée par le Conseil municipal et son règlement d’application est soumis au vote de la population de la Ville de Genève le 12 mars prochain, suite à un référendum.
Soulignons qu’il s’agit là d’une première mondiale : jamais encore le souverain n’a eu l’occasion de s’exprimer à ce sujet, même si divers exécutifs suisses ou étrangers ont pris des décisions analogues ou l’envisagent pour bientôt. Ce soutien est motivé par la possibilité d’améliorer le paysage urbain, d’éviter des stimulations aux dépenses inutiles et ruineuses, de mettre en avant les commerces locaux, de lutter contre les stéréotypes tant utilisés sur ces supports, et d’offrir un support à la créativité des habitant·es, tout en maintenant les autres formes d’affichage.
Alléger le paysage urbain
Le comité unitaire déplore l’envahissement progressif de nos rues et de nos murs par des panneaux qui les enlaidissent, allant parfois jusqu’à cacher des arbres ou encombrer des trottoirs déjà étroits. Ces entraves à la mobilité piétonne doivent disparaître. Les murs, quant à eux, gagneraient à être ornés de fresques comme le canton en compte déjà plusieurs exemples. Il importe de relever ici que certains quartiers bénéficient déjà d’une absence de panneaux commerciaux : il s’agit de la Vieille Ville et du pourtour de la rade.
Lutter contre la surconsommation et le surendettement
Les affiches commerciales invitent à acquérir constamment de nouveaux produits, souvent inutiles. En stimulant l’acte d’achat, elles contribuent à la surconsommation, et donc à la surproduction, ainsi qu’au gaspillage et par conséquent aux montagnes de déchets. L’initiative s’inscrit dans un contexte général de lutte contre ce fléau contemporain qu’est l’obsolescence programmée. De plus, la population visée est incitée à emprunter pour y parvenir, donc à s’endetter. Les œuvres d’entraide témoignent hélas régulièrement des méfaits de ces procédés sur de nombreuses personnes, souvent à faible revenu qui plus est.
Promouvoir l’économie locale
Les commerces locaux sont les grands absents de cet affichage, qui profite avant tout aux géants de la vente. Le Comité « OUI à Zéro Pub » a mené l’enquête entre le 2 et le 8 janvier répertoriant l’ensemble des panneaux qui seraient touchés par le règlement d’application, arrivant à un compte de 708 affiches commerciales. 23,6% des panneaux concernés sont utilisés par la Coop et la Migros, le second plus gros afficheur est l’entreprise de streaming britannique Sky. Dans le top 10, on retrouve ensuite Swiss, 20 Minutes, la Loterie Romande, Hyundai, Emmi, Golden Grand, et Coca-Cola ex-æquo avec la régie Rosset. Ces 11 groupes représentent déjà 65.4% des panneaux relevés. Si le chiffre d’affaires de ces grands groupes ne souffrira pas de cette légère privation, l’initiative offre une belle occasion de rappeler l’importance des commerces locaux, tenus et gérés (parfois avec difficulté) par de petites structures familiales. Soulignons que le règlement d’application leur laisse la possibilité de promouvoir leurs spécificités dans leur propre devanture.
Lutter contre les stéréotypes de représentation des corps
Ces affiches mettent souvent en scène des corps loin d’être représentatifs de la population. C’est le cas notamment de l’hypersexualisation, généralement des corps féminins, qui réduisent ces personnes à des objets de consommation, que l’on achète un produit, une marque ou un statut. De plus, diverses franges de la population sont peu ou pas représentées, notamment en raison de leur âge ou de leur diversité. En supprimant ces affiches, la possibilité de promouvoir ces stéréotypes en est réduite d’autant.
Stimuler la créativité citoyenne
A l’origine de l’initiative, une période de transition entre deux sociétés d’affichage avait laissé les panneaux concernés recouverts de supports entièrement blancs. Dès lors, pendant plus de deux semaines, de nombreuses personnes avaient pu exprimer leurs talents artistiques, parfois ignorés, de fort belle manière, et en se réappropriant quelques espaces de communication, les citoyennes et citoyens ont également gagné un nouveau terrain d’expression démocratique. Le texte proposé ancre ce mode d’expression dans le règlement.
Maintenir les formes d’affichage non commercial
Seul l’affichage commercial est visé par le texte soumis au vote. Toutes les activités culturelles, politiques, sportives, associatives, éducatives (même avec but lucratif !), événementielles ou récréatives, et même leur sponsoring pourront continuer à s’afficher ! Nulle crainte à avoir donc pour les métiers du graphisme et du design : ces professions auront encore bien des travaux à réaliser.
En disant OUI à Zéro Pub, les associations et partis réunis au sein du Comité unitaire de soutien disent OUI à l’amélioration du paysage urbain, OUI à la lutte contre la surconsommation, obsolescence programmée et le surendettement, OUI à la lutte contre les stéréotypes de représentation des corps, OUI à la promotion de l’économie locale, et OUI à la libre expression citoyenne artistique.
Vous pouvez retrouver plus d’éléments sur notre site internet www.ouizeropub.ch
« L’arrêt fédéral définit que la liberté de la population à se soustraire de la publicité est supérieure à la liberté commerciale »
Ada Amsellem, Genève Libérée de l’invasion publicitaire.
« Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir associer plus d’une vingtaine d’organisations de la société civile actives dans la transition sociale et écologique et de nombreuses personnalités du monde culturel »
Emmanuel Deonna, Genève sans publicités
« C’est la première fois que la population va se prononcer sur un tel objet, Genève en tant que ville internationale aura une influence sur de nombreux autres villes et pays »
Ekaterina Dimitrova, Quartiers Collaboratifs
« Les opposant·es accusent les initiant·es de refuser le débat. Si l’objet a mis 6 ans pour passer en votation, c’est bien parce que les opposant·es ont cherché à invalider par tout les moyens l’initiative et empêcher que la question soit posée à la population »
Lucas Luisoni, Réseau Objection de Croissance
« Actuellement, l’économie locale est la grande absente de l’affichage publicitaire. Les grandes entreprises nationales ou internationales dominent que ce soit les géants de l’alimentaire, du streaming, de l’automobile ou de l’aviation »
Christine Dellsperger, attac-Genève
« Les petits commerces n’ont pas les moyens de se payer des publicités en Ville et les emplois du secteur ne sont pas menacés par une interdiction de l’affichage commercial comme l’ont montré les auditions menées par le Conseil Municipal »
Valentin Dujoux, Les Vert-e-s Ville de Genève
« La publicité crée de la demande en encourageant à la consommation de produits dont on a peu ou pas besoin ou que l’on a déjà. Les classes les plus précaires sont les plus touchées, parfois poussées à contracter des microcrédits pour financer ces achats »
Teo Frei, SolidaritéS
« La publicité véhicule des images et des idées sexistes, elle hypersexualise les corps féminins dans un but de profit »
Inès Forster-Malka, Grève féministe – Genève
« Nous refusons que le sexisme de la publicité structure les imaginaires de la population et des enfants. Les luttes féministes passées ont permis une transformation des imaginaires qui donne de l’espoir pour l’avenir. »
Maryelle Budry, Grève féministe – Genève
« Les pertes de 4 millions seront atténuées par les bienfaits sociaux de la disparition des incitations à consommer de la malbouffe, à s’endetter, à acheter des SUV ou des voyages en avion polluants. »
François Mireval, Parti Socialiste Ville de Genève
« Les opposant·es parlent de pertes mais il s’agit d’un investissement pour la qualité de vie de l’espace public pour les habitant·es, comme l’aménagement ou la végétalisation »
Brigitte Studer, Ensemble à Gauche