Editorial Causes Communes
François MIREVAL
Coprésident du PS Ville de Genève
Coordinateur du Causes Communes N°59
Jour après jour, le numérique prend une place de plus en plus grande dans nos vies. Loisirs, profession, démarches administratives : qu’on le souhaite ou non, qu’on le cherche ou non, il est difficile d’y échapper. Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir, à l’heure où la quasi-totalité de la population possède un smartphone, mais pas toujours un ordinateur ? L’équipe du Causes Communes vous propose quelques pistes de réflexion.
Dans ce numéro, notre Magistrat municipal, Sami Kanaan nous parle de l’importance qu’il accorde à la transition numérique, et nous explique pourquoi il l’a associée au nom même de son département. Pour le canton, nos deux élu-es à l’Exécutif cantonal s’expriment également. Thierry Apothéloz s’interroge et nous interroge sur le type de société numérique que nous devrions envisager, et Anne Emery-Torracinta nous explique pourquoi une éducation au numérique doit faire partie de la formation scolaire, sans être pour autant une éducation par le numérique. Nos deux candidates à la candidature au Conseil d’Etat, Carole-Anne Kast et Caroline Marti, nous font part de leurs projets en la matière (la rédaction de ce numéro date d’avant le congrès de désignation de l’une d’entre elles pour l’élection de 2023).
Dans le monde du travail, le droit à la déconnexion est fréquemment évoqué, et nous en parlons. D’un autre côté, la fracture numérique est un important facteur d’injustice sociale, en particulier pour les personnes en situation de précarité et en recherche d’emploi, qui méritent, elles, un droit à la connexion ! Un article leur est consacré, étayé de propositions concrètes. Un détour par le juridique est nécessaire, pour évoquer les problèmes de surveillance ou de protection des données. Nous vous proposons même quelques pistes pour échapper, si faire se peut, aux GAFAM !
De nombreux enjeux importants du numérique auraient mérité d’être discuté ici. Citons-en quelques-uns. Il y a le travail effectué gratuitement par celles et ceux qui se servent de diverses applications de réservation, ou acceptent les cookies pour accéder immédiatement à leurs séries favorites. C’est ainsi que se crée un capitalisme de données qui s’enrichit de nos propres données comportementales, généreusement offertes par nous-mêmes (!) à une utilisation mercantile. A l’inverse, on peut rechercher une certaine sobriété numérique : comment y parvenir ? Il y a bien sûr la sécurité des données des collectivités publiques, et aussi des entreprises : l’actualité en montre régulièrement les failles.
La pseudo-dématérialisation des données mérite d’être dénoncée à travers un petit exercice de pensée. Imaginez, rien que pour Genève, l’ensemble des smartphones et des ordinateurs (personnels et des entreprises), ajoutez les kilomètres de câbles (indispensables quoi qu’on en dise), les bâtiments des data centers et leur imposants systèmes de refroidissement, sans même parler de leurs lieux de fabrication… Qui oserait encore répéter « dématérialisation » ?
A souligner : le programme du Parti Socialiste Genevois (cantonal) en vue de la législature 2023-2028 consacrera un chapitre à part au numérique : il est en effet temps que le champ politique se saisisse pleinement de ce thème et légifère pour le bien de toutes et tous, plutôt que de laisser le marché instaurer ses propres lois pour le seul profit d’une infime minorité…
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